média40500 qui souhaitait mettre à l'honneur ce dimanche une maman du Cap de Gascogne a rencontré Lola Toribio hier matin, au cours d'un entretien de 50 minutes qu'elle a bien voulu nous accorder.
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| A gauche: la maman de Lola et Lola jeune fille photo: média40500 |
A coup sûr une femme exceptionnelle à plusieurs points de vue! Espagnole d'origine, elle épouse un militaire de l'armée républicaine avant la défaite contre Franco. Réfugiée dans un camp puis un autre au Sud de la France comme 450.000 compatriotes durant la Retirada de 1939, n'étant jamais allée à l'école et n'ayant pas connu son père mort quand elle avait trois ans, mais ayant appris le français en accompagnant sa mère qui travaillait chaque saison dans les vignobles de l'autre côté de la frontière, elle sera interprète auprès des autorités pour les réfugiés. Elle retrouvera ensuite son mari grâce à l'emploi de ce dernier dans une usine d'armement en France et des annonces dans le journal "L'Humanité",
Après la déclaration de Guerre de la France à l'Allemagne et la débâcle française, ils prennent le maquis. Tandis que son mari travaille sur des chantiers le jour, maquisard la nuit, Lola, belle jeune femme blonde aux yeux bleus et à la peau blanche devient agent de liaison de la Résistance et s'active en plein jour à faire passer armes, munitions et fuyards en Espagne à travers des sentiers de montagne qu'elle connaît comme sa poche, au nez et à la barbe des soldats allemands habitués à la voir passer et qui lui donnaient le Bon-Dieu sans confession, sans savoir que, dans le berceau de son bébé Marina (sa première fille), elle transportait de la dynamite avec un extrême sang froid.
Son histoire l'amène ensuite à s'installer à Saint-Sever en 1963, en face du terrain qui allait voir construire la Cité Montadour actuelle. Puis en 1973 elle emménage dans sa maison actuelle dans le quartier d'Augreilh, toujours à Saint-Sever où elle n'a jamais eu à se plaindre. Saint-Sever où le député de l'époque, Jean-Marie Commenay qui deviendra Maire en 1965, grand ami de son mari, les convainc d'opter pour la nationalité française. Ses enfants souffriront quand même du mépris de bon nombre des habitants de l'époque, enfants qui plus tard s'investiront énormément pour cette ville, marquant ainsi définitivement leur parfaite intégration. Ils s'installeront à leur tour un peu partout dans les environs. Lola devient ainsi 13 fois maman, 27 fois grand-maman, 35 fois arrière-grand-maman et 5 fois arrière-arrière-grand maman! A 92 ans, elle est aujourd'hui très bien entourée par ces quatre générations dont les portraits mêlés remplissent aussi bien la pièce du salon que la chambre!
Elle aime ses quatre générations d'enfants d'égale manière même si chacun a son caractère. Elle aura transmis à chacun le sens de la famille, de l'amitié, du service, du partage, et aussi ses devises préférées: "toujours faire face" et "ne pas subir". Son mari travaillant sur des chantiers, elle a toujours su "se débrouiller pour élever toute seule ses enfants sans les commodités modernes et sans l'aide de personne", aime-t-elle rappeler. Prenant la vie "comme elle venait", Lola porte sur l'époque actuelle un regard assez critique: "si les gens avaient un peu de réflexion, il n'y aurait pas les problèmes qu'il y a".
Aux mamans d'aujourd'hui qui bénéficient des commodités, celle qui n'a jamais mis les pieds dans une maternité leur dirait "d'avoir plus de patience et de ne pas trop compter sur les autres" ou pas autant et "qu'en réfléchissant bien on peut faire face à tout", Celle qui a toujours travaillé dit souffrir aujourd'hui de ne plus avoir de bonnes jambes et de rester assise trop longtemps à ne plus pouvoir faire grand chose. Sauf peut-être continuer à mettre à jour son grand arbre généalogique, presque centenaire, accroché en bonne place dans le salon. D'ailleurs la descendance de Lola la belle jeune fille résistante espagnole, c'est maintenant toute une forêt! - Olivier MARTIN
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